Un petit pain
A quoi sert un blog ?
Mon premier blog fut une véritable thérapie. Il me permit de m'intéresser à autre chose que mon travail qui était en train de tout brûler dans ma vie. Je fus surpris d'être capable, jour après jour, d'avoir quelque chose à raconter à mes quelques lecteurs.
Car un blog se définit plus par ses destinataires que par son objet. Disons que son objet est pensé dès le départ et évolue ensuite en fonction des lecteurs réels ou imaginaires. Même si on ne sait jamais vraiment qui lit.
J'ai d'ailleurs fait l'expérience qu'il est difficile de protéger un blog. Menacé par des intrus indélicats, j'avais essayé de rendre mon blog privé au moyen d'identifiants et de mots de passe. Le résultat fut qu'il fut surtout privé de lecteurs.
Facebook prit le relais. L'outil présentait toutes les garanties de confidentialité tout en permettant de rejoindre un maximum d' "amis". Mais je me suis assez vite rendu compte qu'on ne pouvait pas écrire sur un réseau social comme sur un journal : le lecteur y est pressé et déjà sollicité par autre chose. La forme commande le fond.
Je reviens donc au blog. Celui-ci s'appelle Yom-yom qui veut dire en hébreu "quotidiennement". J'aurais pu le dire en français mais il y a dans le "yom" biblique quelque chose de plus profond que le simple "quotidien" : un goût de pain.
C'est ce goût que j'ai envie de redécouvrir en m'obligeant à écrire quotidiennement sur du quotidien, mon quotidien, car je n'en connais nul autre.
C'est donc un blog très personnel que je rédige en pensant à des lecteurs proches. Et pourtant, je dois le faire en sachant qu'il me faut rester anonyme, car je ne peux pas ici verrouiller les accès. Je serai donc un simple "Benadam", un humain, et c'est aussi les situations que je vais décrire qui ne devront pas être reconnues.
Impossible défi ? Devrais-je écrire de manière codée et transformer mon blog en document ésotérique ? Mes lecteurs réguliers pourront se faire exégètes et j'essaierai de rendre ce jeu amusant. Mais j'espère aussi faire de cette contrainte une chance.
Car la présence potentielle d'un lecteur inconnu et dont je ne connais pas l'intention ne m'oblige pas seulement à la discrétion, mais aussi à la qualité. Si ce que j'écris ne porte pas à une forme d'universalité, mes billets ressembleront à une gnose quotidienne assez indigeste.
Et moi, j'ai envie que ce soit un petit pain.
